Mezcal vs Chauves-souris : le match du siècle au Mexique

Imagine un petit village paumé au fin fond du Mexique : des rues poussiéreuses, une église, une supérette, des chauve-souris… Bref, rien qui fasse rêver sur Instagram. Sauf qu’ici, à Santa Catarina Minas, on fabrique un nectar qui met tout le monde d’accord : le mezcal.
Oui, le cousin badass de la tequila. Fumé, puissant, et tellement tendance que les hipsters du monde entier se battent pour en dégoter une bouteille.

Problème : quand tout le monde veut boire du mezcal, il faut des tonnes d’agaves. Et l’agave, ce n’est pas du basilic : ça pousse en dix, quinze, parfois vingt ans. Pas pratique pour suivre la cadence…


🦇 Le héros inattendu du Mezcal : Batman version mini

Heureusement, la nature a prévu son sauveur : la chauve-souris magueyera (oui, ça sonne comme un Pokémon). Ces petites bêtes, la nuit venue, plongent leur museau dans les fleurs d’agave, se gavent de nectar, et repartent avec du pollen plein la tronche. Résultat : elles assurent la reproduction des agaves. Pas de chauves-souris = pas de mezcal.
Autrement dit, si vous aimez boire des cocktails fumés le samedi soir, remerciez un mammifère volant.

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’une chauve-souris se retrouve liée à un alcool culte : le rhum Bacardí en a même fait son emblème. Comme quoi, que vous soyez plutôt mezcal ou plutôt mojito, il y a toujours une chauve-souris derrière votre verre. 🦇🍹

champ d'agave

🌍 Quand la tradition du Mezcal se fait avaler par l’industrie

Autrefois, on laissait toujours quelques agaves fleurir pour nourrir les chauves-souris et récupérer des graines. Mais aujourd’hui, avec la demande qui explose, plus personne ne laisse ces plantes aller jusqu’à la floraison. Résultat : on se retrouve avec des champs clonés d’agaves “espadín” (la variété rapide, genre l’élevage intensif du cactus). C’est rentable, mais ça affaiblit l’écosystème.

Certains producteurs s’accrochent encore aux méthodes traditionnelles, distillent à la main, lèvent leur verre en zapotèque (“Stigibeu !”), et construisent même des murs en fibres d’agave. Respect. Mais d’autres misent sur la production industrielle pour arroser les bars branchés du monde entier.

découpe d'agave

🍹 Le label chauve-souris (véridique)

Un biologiste mexicain, Rodrigo Medellín (surnommé “Batman” au pays), a lancé un programme simple : si tu laisses 5 % de tes agaves fleurir pour les chauves-souris, tu gagnes un label spécial avec un joli hologramme de… chauve-souris. Classe, non ?

Le problème : à ce jour, seulement 11 producteurs ont dit oui. Les autres préfèrent ne pas “sacrifier” une plante. Comme quoi, sauver la biodiversité, c’est bien, mais sauver ses profits, c’est mieux.

fabrication mezcal

🌵 Moralité (et appel à l’apéro)

Derrière chaque shot de mezcal, il y a des générations de savoir-faire, des villages qui résistent à l’industrialisation, et… des chauves-souris qui bossent gratuitement la nuit. Alors, la prochaine fois que vous lèverez votre verre, pensez à trinquer aussi pour elles.

Stigibeu ! 🍹🦇

(Et n’oubliez pas : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé… sauf pour les chauves-souris, elles gèrent.)

bouteille de mezcal

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